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09/02/20 Interview Annie Mellouki

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Annie Mellouki est présidente du Réseau d’Initiatives Agro-écologiques au Maroc qui existe depuis juin 2015 de manière légale.

« Nous avons fait plusieurs opérations, d’abord en 2016 puis en 2017 avec des forums d’agriculture durable pour se faire connaitre au Maroc et aussi pour avoir l’ensemble des acteurs au niveau de chacune des régions. On a ensuite créé des initiatives nationales pour la transition écologique présentant différents acteurs présents dans la région.

Aussi, durant différentes actions on a développé un observatoire de l’agro écologie au Maroc car nous sommes des acteurs associatifs. On connait surtout le terrain mais nous n’avons pas beaucoup de composantes scientifiques donc on s’est rapprochés de scientifiques.

Nous n’avons pas encore de moyens mais on a surtout créé une convention entre l’Institut de recherche et développement français, le Centre international de coopération pour la recherche dans le développement (CIRAD), l’université de Rabat et le RIAM. C’est une convention qui verra des journées scientifiques se mettre en œuvre.

On a aussi mis en place de façon plus pérenne un système participatif de garantie, grâce à une chercheuse du CIRAD, qui est un label agroécologique au Maroc qui fonctionne déjà dans la région de Rabat. Ce label permet aussi de créer une communauté de consommateurs et d’intermédiaires. La région de Marrakech a aussi développé en 2019 sa communauté. Et donc la campagne de 2020 se portera sur des producteurs de la région de Rabat et Marrakech.

Le RIAM est un réseau composé d’associations, de coopératives, de bureaux d’études et d’individus. Il y a plusieurs activités dont une qui semble essentielle aujourd’hui : la sensibilisation de la population sur une alimentation saine, ce que ça veut dire où on la trouve etc. »

Combien de fermes font parties du réseau ? « Elles ne sont pas toutes chiffrées mais au niveau du label agroécologique il y en a eu 16 en 2018, 26 en 2019 et 38 sont inscrites comme candidates à la labellisation pour 2020. L’objectif de ce certificat est la valorisation de la production.

J’ai l’impression qu’au du Maroc, l’agroécologie se développe petit à petit et même dans les campagnes, autour des villes. Si certains ont les moyens de porter l’agroécologie au Maroc c’est tant mieux, ça fera un changement dans notre société.

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Site du RIAM : http://reseauriam.org/fr

03/02/20 Amazighs

Nous sommes accueillis par une association de jeunes, tous sur-diplômés et chômeurs, étudiants éternels.

Leur handicap, soyons clairs, être des Amazighs. Les Arabes disent les Berbères, autrement dit, les Barbares. C'est pourquoi nous les nommerons les Amazighs, selon leur désir. Une civilisation ancienne. Une écriture ancienne, mélange de grec et d'égyptien pour la forme. Leur vision du monde, la liberté, pour eux, pour les oiseaux, les arbres. Leur culture, une forme de résilience, ne pas se sentir agressés, ne pas agresser. Passer au travers, sans choc frontal. Garder leurs traditions fondées sur l'autonomie, une certaine pauvreté vécue comme don de soi aux autres, le respect des anciens et les services des plus démunis. Lors de la causerie sur l'économie non-violente, nous nous sommes surpris si proches les uns des autres. Il est vrai que les peuples anciens, où qu'ils soient ont été capables de survivre dans leur environnement sans l'épuiser, avec cet équilibre indispensable entre l'homme, la nature, la faune et la flore. Entre le Cosmos et les Dieux.

Ce que notre civilisation moderne est incapable de concevoir puisqu'il faut tirer profit de tout, puisque en tant qu'être pensant, nous avons, suite à Descartes, décidé que nous étions notre propre source et possédions l'être essentiel. Que nous devions aussi tout dominer.

 

Merci, frères Amarighs, car "vous êtes donc nous sommes" (cf "Tu es donc je suis" de Satish Kumar).

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Par Louis Campana, Président de Gandhi International

05/01/20 Rencontre avec Ali Serhrouchni

Ali est un personnage saisissant. Il est fondateur et directeur d'une université libre à Rabat, intitulée HEM (https://hem.ac.ma/), école de commerce et de partage des savoirs. Il était venu à Bhopal lors du colloque que Gandhi International et Ekta Parishad avaient organisé autour de la question : une économie non-violente est-elle possible ?

Depuis 30 ans, Ali a formé quantité d'étudiants dans son établissement. Actuellement 500 pour un cursus de cinq ans. Au programme, obligatoire, un module de bénévolat auprès des habitants du quartier et principalement des plus pauvres ou des rejetés d'une société marchande. Ne pas valider ce module est éliminatoire. Il nous fait mention de toutes les expériences vécues et de la transformation que ces dernières ont opéré dans la mentalité locale et dans le milieu d'entreprises.

Étonné, je lui demande quelle est sa motivation.

C'est mon handicap, me dit-il. J'ai eu la polio très jeune. De plus, toute ma vie j'ai du me battre contre une santé précaire. J'ai fait beaucoup de sport, de musique pour pallier à cet handicap. Mes parents avaient la "chouma", la honte, non pas de moi mais de cet handicap qu'ils n'avaient pu m'épargner. Ils m'ont beaucoup aidé et aimé. J'ai été champion du monde olympique-handi en natation, champion national-valide en Belgique de judo, etc, etc.

J'ai subi dans ma vie plus de soixante anesthésies, passer plusieurs années d'hôpital tout en gérant cette université.

Cependant chaque jour je remercie Dieu d'avoir permis cette écharde tout le long des jours, car cela a été pour moi un outil de compréhension de la condition humaine et Il a permis qu'en moi cet handicap se transforme en force morale. Lorsque j'ai découvert Gandhi, lequel s'est fait pauvre et accessible au plus grand nombre, j'ai compris la force de son message puisque je le vivais chaque jour. C'est pourquoi lorsque j'ai appris en 2010 que l'association Gandhi International organisait à Bhopal avec un syndicat indien (Ekta Parishad) un colloque sur le thème "Vers une économie non-violente", je m'y suis inscrit parce qu'à l'université que je dirigeais c'était devenu l'ADN de cette école : concilier l'action bénévole sociale et solidaire avec le marketing. J'ai conscience de cette dichotomie et l'assume. 

Je n'ai pu résister à lui dire qu'il m'avait impressionné et je rapporte ceci avec son accord. Qu'il soit béni dans ses œuvres.

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Nous faisons mémoire ces jours-ci de Shantidas (Lanza del Vasto) décédé le 5 janvier 1981, fondateur de l'Arche. Shantidas, c'est le nom donné par Gandhi qui signifie Serviteur de Paix.

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Par Louis Campana, Président de Gandhi International

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